Page:Rachilde - Le Démon de l’absurde, 1894.djvu/176

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déjà les soifs des midis brûlants de son pays, où les oiseaux pleurent de tristes mélopées en soupirant après la pluie ; elle savait les plantes vénéneuses des grandes forêts inextricables où essayaient de la fasciner des reptiles à langue fourchue distillant le poison ; elle savait la grosseur extrême de certains soleils, et la maigreur très ridicule de certaines victimes, les attentes anxieuses sous l’œil mauvais de la lune qui vous lance perfidement à la poursuite d’une ombre de gibier toujours de plus en plus fuyante ! De ces chasses malheureuses, elle avait gardé un instinct de guerrier pauvre, et ne demandait qu’une part modeste pour ne pas éprouver de vertiges en cet autre monde béni où les carnassiers, devenus les frères de l’homme, semblaient conviés à des festins solennels. Elle choisissait son morceau sans forfanterie, désireuse de se révéler bien élevée en présence d’appétits moins naturels que les siens.

Un chrétien nu et dérisoirement armé d’un