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Page:Rachilde - Le Démon de l’absurde, 1894.djvu/34

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vous. Et cela ne peut guère se dire en deux mots… (Il passe les mains sur son front.) Mère, que voyez-vous quand vous vous regardez ? (Il respire avec effort.)

la mère : Je me vois, mon Sylvius (Elle se rassied tristement et hoche la tête), je vois une vieille femme ! Hélas !…

l’épouvanté (lui jetant un regard de commisération) : Ah ! Vous n’avez jamais vu là-dedans que vous-même ? Je vous plains ! (S’animant.) Et moi, il me semble que l’inventeur du premier miroir dut devenir fou d’épouvante en présence de son œuvre ! Donc, pour vous, femme intelligente, il n’y a dans un miroir que des choses simples ? Dans cette atmosphère d’inconnu, vous n’avez pas vu se lever soudainement l’armée des fantômes ? Sur le seuil de ces portes du rêve, vous n’avez pas démêlé le sortilège de l’infini qui vous guettait ? Mais c’est tellement effrayant, un miroir, que je suis ahuri, chaque matin, de vous savoir vivantes, vous, les femmes et les