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Page:Rachilde - Le Démon de l’absurde, 1894.djvu/42

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Les miroirs, c’est la délation personnifiée, et ils transforment un simple désagrément en un désespoir infini. Ils sont dans la goutte de rosée pour faire d’un cœur de fleur un cœur gonflé de sanglots. Tour à tour pleins de menteuses promesses de joie ou remplis de secrets honteux (et stériles comme des prostituées), ils ne gardent ni une empreinte, ni une couleur. Si devant le miroir que je contemple, elle a glissé aux bras d’un autre, c’est toujours moi que je vois à la place de l’autre ! (Furieux.) Ils sont les tortureurs scandaleux qui demeurent impassibles, et cependant, doués de la puissance de Satan, s’ils voyaient Dieu, ma mère, ils seraient semblables à lui !…

la mère (d’un ton suppliant) : Sylvius ! la lune est à l’angle du mur. Va chercher une lampe, je veux y voir…

l’épouvanté (d’une voix redevenue sourde) : Oh ! je vous dis ces choses parce que vous m’y forcez ! Je n’ai vraiment aucune qualité pour devenir le révélateur funeste, mais il