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Page:Rachilde - Le Démon de l’absurde, 1894.djvu/41

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reflétait une belle fille nue à la pose provocante !… Les glaces, ma mère, sont des abîmés où sombrent à la fois et la vertu des femmes et la tranquillité des hommes.

la mère : Tais-toi ! je ne veux plus t’écouter.

l’épouvanté (lui saisissant le bras et se levant) : Mère, avez-vous rencontré les glaces raccrocheuses qui vous happent au passage dans les rues des grandes villes ? Celles qui vous tombent dessus brusquement comme des douches ? Les glaces des devantures entourées de cadres odieusement faux, comme le sont de fards et de strass les créatures à vendre ? Les avez-vous vues vous offrir leurs flancs rayonnants où tous les passants se sont successivement couchés ? Les infernaux miroirs ! Mais ils nous harcèlent de tous les côtés ! Ils surgissent des océans, des fleuves, des ruisseaux ! En buvant dans mon verre, je constate mes hideurs. Le voisin qui croit n’avoir qu’un ulcère en a toujours deux !…