Page:Rachilde - Le Démon de l’absurde, 1894.djvu/53

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À l’horizon, pas trop loin pourtant, se dressait une énorme roche sur une autre colline, sœur de celle qui nous portait, et l’on apercevait très distinctement les ruines d’un château féodal faisant corps avec la roche sombre. Cela formait un arrière-plan de drame au tableau relativement gai que représentaient le village de Suse, tassé contre un clocher naïf arrondi en goupillon, et le vignoble, où s’éparpillaient des paysans en blouse et des femmes en jupes claires. Cela dominait d’un air malfaisant, impérieux, et il n’était pas possible de ne pas déclarer tout de suite que là se trouvait le seul endroit curieux, le point d’histoire ou le point de légende. Mais on n’en avait pas parlé encore. Albert Téard, d’un ton dolent, murmura :

« … Il y a aussi des cavernes pleines d’ossements fossiles, de silex taillé ; nous vous y mènerons ; ensuite, vous aurez tout vu. »

« Comment, tout vu ? dis-je, me redressant sur un coude ; et les ruines, là-bas ? »