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Page:Rachilde - Le Démon de l’absurde, 1894.djvu/83

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À Maurice Maeterlinck.

LES VENDANGES DE SODOME

À cette aurore, la terre fumait comme une cuve emplie d’un moût infernal, et la vigne, située au centre de l’immense plaine, rutilait sous un soleil levant déjà féroce, un soleil pourpre à chevelure de braise qui faisait fermenter d’avance les grappes énormes, dont les grains, d’une grosseur surnaturelle, prenaient des reflets d’yeux roulants, tout noirs jaillis de leurs orbites. Poussée du fond d’un abîme bouillant de bitume, cette vigne étalait ses feuillages d’or et de sang avec une abondance de monstrueuse richesse, et ses