Page:Rachilde - Le Démon de l’absurde, 1894.djvu/86

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nouirent en blêmissant ; puis le ciel se condensa en un unique soleil, l’azur prit un éclat de fer bleui brûlant silencieusement et versa des torrents de chaleur limpide. À perte de vue s’étendit ce pays de Judée où les grêles figuiers n’arrivaient pas à faire flotter de légers voiles d’ombre. Quelques-uns de ces arbres chétifs, aux feuilles digitées et velues, se déformaient en des caprices de plantes mécontentes de leur sort, enlaçaient inextricablement leurs branches luisantes recouvertes de transparentes excroissances de gomme se cerclant de bracelets d’ambre ; et des tiges penchées par le feu d’en haut sur le feu d’en bas avaient des contours souples d’innocents accablés. Loin, tout à l’horizon, derrière le dernier bouquet d’arbustes, dominant la ligne vague d’un mur protégeant une ville, se dressait une tour de pierres ivoirines, d’une blancheur d’ossements, une tour géante qui fuyait en spirale vers les cieux profonds, vers le cieux violets, chemin