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Page:Rachilde - Le Démon de l’absurde, 1894.djvu/87

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menant à l’infini et que faisait fuir davantage la spire d’un vol de grands oiseaux blancs cherchant à se poser à son sommet.

De la tour lointaine sortirent ceux de Sodome venant vers la vigne.

Ils étaient conduits par un vieillard deux fois centenaire, colosse funèbre les dépassant tous de sa tête osseuse éperdument branlante, sans cheveux, sans dents, sur laquelle retombait le bout d’une draperie de lin. Aux angles de ses membres roides s’accrochait cette draperie comme un linceul. Père, chef et patriarche, au-dessus de la troupe de sa postérité, sa tête avait l’aspect d’un astre oblong, brillant d’une clarté lunaire. Il faisait des signes à l’aide d’un bâton, ne parlant plus depuis bien longtemps. À ses côtés se pressaient ses fils aînés, hommes robustes aux larges barbes noires. L’un d’eux, qui se nommait Horeb, portait, suspendu à sa ceinture de cuir fauve, des coupes scintillantes qui