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Page:Rachilde - Le Dessous, 1904.djvu/116

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haut de forme, représentait, de loin, le vrai ministre. Le père de Marguerite ayant la croix et l’oreille du gouvernement marchait allègrement comme un homme qui ne souhaite plus rien. Il ne se tourmentait point du futur mariage de sa fille et n’aurait certes pas osé rêver un prétendu en la personnalité encombrante du gros Garaud. Sa fille ne voulait pas se marier, heureusement, car il fallait une maîtresse de maison très avisée lors de pareilles réceptions. De temps en temps, il respirait fort, de l’air d’un qui s’essouffle à traîner le char de l’État, mais il flairait, de près, son atmosphère dont la qualité balsamique ne lui semblait pas assez balsamique. Il faisait terriblement chaud. Par instant, une étrange exhalaison venait avec les bouffées du parfum des roses, comme un relent d’eaux ménagères, une senteur de décomposition masquée par les produits chimiques. Rien n’arrivait à dissimuler complètement les fameux dessous des épandages, et malgré l’habitude, leur directeur savait d’une façon péremptoire d’où venait le vent selon son genre de parfum. Garaud s’épongeait le front, tourmenté d’une crampe d’estomac. Il y pensait aussi à la qualité de l’atmosphère, mais quelle corvée sociale n’a pas son petit moment pénible ? À la