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Page:Rachilde - Le Dessous, 1904.djvu/132

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VI

faust et marguerite

Le père de Marguerite était un homme raisonnable qui aimait à faire des phrases. Il existe toujours chez les honnêtes gens un besoin d’arrondir les angles du hasard par des mots. Il ne s’agit pas de ridiculiser ces honnêtes gens et d’arriver, de ridicules en ridicules, à prouver qu’ils sont plus dangereux que les bandits, mais de démontrer qu’un brave homme en parlant pour le plaisir de parler et de prévoir les angles du hasard déchaîne souvent les mauvais instincts assoupis au fond de leurs niches. Les instincts sont des chiens de garde. Ils sont fidèles et féroces, aboient la nuit à l’ivrogne qui chante et se laissent empoisonner par le vrai malfaiteur… ce ne sont que des bêtes très utiles ou nuisibles selon que l’on compte ou ne compte pas sur eux. Mieux vaudrait ne jamais les