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Page:Rachilde - Le Dessous, 1904.djvu/25

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nos fleurs… (il s’arrêta, examina le manche de son couteau), je ne dis pas que ce soit mauvais pour les gens…

Marguerite suçait le blanc du poulet, n’ayant déjà plus faim, guignant le dessert, une brioche-mousseline, dorée, cuite à point, et les fraises plombière, colossales truffes rouges presque effrayantes d’énormité.

— Oui, dit-elle, comme ripostant aux invites de leur parfum, mais j’ai envie de manger des cerises, moi.

— C’est un peu loin. Pourquoi n’y as-tu pas pensé ce matin, ma pauvre étourdie.

— Oh ! en courant…

— Je n’aime pas à donner des clés passé l’heure du travail. Il y a toujours des flâneurs le long des allées. On s’introduit dans le verger sous prétexte de visiter un tuyau, puis on nous pille. Quand on songe que Mathieu prétend qu’on a volé des abricots verts ! Je me demande ce qu’on peut tirer d’abricots pas mûrs ?

— On les vend pour faire des prunes à l’eau-de-vie.

— Allons donc ! C’est par pure méchanceté, une rage de détruire qu’ont tous les enfants du