Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/141

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— Je ne connais, devant Dieu qui nous juge au-dessus des rois vos parents, malheureuses rebelles, qu’une loi religieuse et qu’une règle. Vous me devez obéissance comme je dois mes comptes à mon supérieur, l’évêque Marovée. Votre audace est si grande qu’elle ne relève plus que de celui qui vous l’inspira : le prince des ténèbres. Vous parlez sa langue mieux que viguier plaidant cause obscure ! Mes yeux rougis au service du Christ ne verront jamais mon abaissement à vos pieds, croyez-moi, mes pauvres justicières dont il est dit dans les écritures de ma maison que la plus juste pèche au moins sept fois le jour ! Je vous laisserai le temps de réfléchir à vos destinées toute une nuit, puis je me rendrai chez mon seigneur Marovée et je prendrai conseil de sa sagesse afin d’arrêter le genre de châtiment qui vous sera infligé. Pour les nonnes, jeunes et de tendre cire, qui vous assistent dans votre détestable sédition, je ne veux ni les regarder ni les entendre. Elles ont subi la tentation de goûter aux fruits de l’arbre maudit, mais elles n’ont point eu le loisir d’en exprimer tout le poison. J’ai vécu sous le règne de l’abbesse Radegunde et c’est parce que j’ai trouvé beaucoup de frivolités à ses occupations que je n’ai jamais voulu lire tous les manuscrits de nos coffres. Une véritable servante de Jésus-Christ