Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/18

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savait parler la langue habile des messagers, — Nous venons de Poitiers, déclara le berger de

sa voix brève et hardie, pour le service du chef.

Un esclave presque nu, n’ayant qu’une ceinture de cuir d’où pendait un couteau à dépecer les viandes, leur demanda leur nom.

— Nous sommes des hommes, ajouta dédaigneusement Ragnacaire.

Chargés de conclure un marché, ils ne voulaient s’expliquer qu’en présence de l’acheteur. On les conduisit de l’autre côté du fossé rempli de branchages verts et de fagots secs. Là ils frappèrent du pied, les chiens s’assirent en rond autour d’eux. Ceux qui les éclairaient avec leurs torches comprirent tout de suite que ce n’étaient pas des ennemis, mais de rudes personnages qu’on ne renverrait point facilement sans leur dû.

— Nous voulons voir le chef, puisque les bêtes que nous amenons sont pour lui, fit encore Harog.

L’esclave, craintivement, les doigts sur son couteau, approcha du cercle.

— Le maître dort. Nous allons vous préparer à manger et vous coucherez dans nos étables en attendant son réveil. Il faut rendre vos armes. C’est la coutume.

Des soldats, avertis, hochèrent la tête, sachant