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Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/19

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qu’en effet ceux-là venaient pour une mission plus importante que la vente des chiens.

Ragnacaire, soupirant, ôta une hache de sa ceinture ; Harog détacha de son flanc une lame dont le manche de corne s’incrustait de bizarres ornements blancs. Il s’assura de sa solidité, en caressa plusieurs fois le manche, et remit cette arme de chasse ou de guerre aux soldats qui s’impatientaient, mais il ne leur exhiba point une autre lame, plus fine, qu’il gardait toujours pendue sous son sayon de peau de chèvre. On leur apporta une cruche pleine de lait et deux morceaux de viande grillée dont la fumée éveilla Ragnacaire. Ils s’assirent à l’extrémité d’un chariot, mangèrent gravement, malgré les questions qu’on leur adressait, et surent se taire selon l’usage des chasseurs qui en ont vu plus long qu’ils ne pourront jamais en dire. Puis, leur souper terminé, ils entrèrent dans une étable après avoir fermé sur eux et leurs animaux, également repus, un mauvais huis disjoint.

— La viande était tendre, murmura Ragnacaire, tombant de sommeil.

Harog palpait l’échine de Méréra qui grattait la paille, cherchant à se nicher au mieux pour un travail pénible. Elle allait, venait de son maître à son gîte, flairait dans le vent des relents singuliers ;