Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/191

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touffues, secouant dans leurs crinières des boules de métal qui sonnaient clair.

Harog souffla.

— Il faut m’amener le cheval blanc. Si c’est une pouliche les autres suivront. Les bêtes entravées doivent être des femelles.

Ragna passa son couteau ouvert sous son bras en le serrant de l’aisselle et se mit à ramper dans les hautes herbes. Harog se glissa jusqu’au gardien, debout près des auges où l’on faisait boire les chevaux. Sur la faux scintillante de la lune il y eut l’ombre d’une tête, deux bras épouvantés battirent les airs, une sorte de hennissement retentit, mais bien plus faible que le hennissement d’un cheval, et le poids d’une chose molle s’enfonça dans l’eau du baquet. Le couteau d’Harog, frotté de substances mystérieuses, était entré si vite qu’Harog ne l’avait pas senti pénétrer. Vraiment cela ne faisait pas de mal de tuer un homme ! Il se pencha… l’auge reprenait son reflet tranquille. Il ne distinguait plus qu’un croissant d’argent, une couronne auréolant cette figure blafarde qu’il ne connaissait pas. Comme il essuyait son couteau dans l’herbe, il perçut le souffle bruyant de Ragna toujours vautré là-bas devant le cheval blanc. Ragna étranglait le second gardien pour le rendre muet. Il le fallait