Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/208

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— Jurez-vous ? demanda Ragna, faisant tourbillonner sa hache au-dessus de sa tête.

— Je jure pour eux et pour moi ! déclara solennellement Boson-le-Boucher.

Brodulphe-l’Adultère proféra les mêmes paroles, engageant la troupe des esclaves.

— Suivez-moi donc jusqu’à la Pierre, dit Harog tirant son couteau de sa tunique de peau blanche. Là vous mangerez, vous boirez et vous retrouverez vos esprits. Je ne veux pas surprendre vos serments.

La petite armée prit le chemin du dolmen, se glissant le long des sentiers étroits par file de deux vagabonds rampant dans les herbes. On ne savait pas encore si on se livrerait corps et âme, pourtant l’aventure plaisait ; jusque-là le métier n’avait pas été trop dur et il avait nourri son homme. Soigner des chevaux, s’exercer au tir de la fronde contre un ennemi invisible n’était point difficile. Harog leur avait enseigné des cavernes où l’on pouvait dormir sans inquiétude… de plus, il ne les empêchait pas de mendier à l’occasion ni de se tenir au courant des ressources du monastère de Radegunde. Cet enfant de la nuit impure était peut-être un fils de chef puissant qui cherchait sa vie dans les troubles de l’époque.