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Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/260

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cette grande fille brune que j’ai déjà vue en rêve ! Je ne suis pas digne de contempler sa face… Mais c’est un chef ! Par la Croix… et la liqueur de ses coffres est enragée !

Harog fronça les sourcils.

— Tu feras sagement de t’aller coucher, Ragna ! si tu as l’intention de te battre demain. La boisson ne vaut rien à qui doit risquer sa peau.

Ragna s’éloigna, titubant. Il se sentait les yeux piqués de brûlures depuis qu’il avait reçu sa part de la liqueur du roi Guntchramn, et, comme quelqu’un qui a trop contemplé un brasier, il voyait écarlate.

Sans manger, sans boire, à pas pressés, sobre de gestes et de paroles, Harog organisa le campement. Les femmes sous leurs tentes, dans leurs lits de laine cardée. Les hommes sous la protection de la Pierre, séparés des femmes par les chevaux. Assisté de Brodulphe et de Boson maugréant, il inspecta les armes, vérifiant toutes leurs munitions de guerre. Il leur confia son plan tandis que l’Aveugle-né aiguisait dans l’ombre des fers de lance.

— Les six chiens entreront les premiers pour étourdir les gens de la ville par leurs aboiements. Nous suivrons en armes et montés sur nos meilleures bêtes portant les femmes en croupe. Il faudra