Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/261

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gagner la basilique dès que nous aurons forcé les veilleurs pour ce que les hommes de Maccon nous voudront ensuite barrer la route. N’écrasez point les enfants et épargnez l’évêque. Quant à l’abbesse, si elle ne descend pas de son monastère, nous aurons le temps de la voir venir ! Il serait bien inutile de l’y aller chercher. On ne tue pas les infirmes ! N’oubliez pas la recluse, et liez-la moi solidement sur le dos de Méréra. La chienne saura se tirer d’affaire avec son léger fardeau, ou les ennemis en auront compassion.

Le dernier il songea au repos, monta sur la Pierre n’ayant plus rencontré Ragna. Avait-il eu l’audace d’aller rejoindre Chrodielde ? Son compagnon Ragna, l’ancien porcher, pourrait-il parler librement d’amour à une princesse durant que lui, le chef, dormirait seul ?

Il ne dormit pas seul. Méréra vint le couvrir — les nuits étaient si froides ! — de sa blanche fourrure soyeuse et il entendit la recluse murmurer dévotement :

— Ayez pitié de lui, Seigneur, laissez-le pénétrer au paradis de votre gloire !

La gloire, demain ? La mort, peut-être…