Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/280

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feignant le dédain, il pillait les fruits secs pour Chrodielde durant que Basine et Harog se parlaient à voix basse dans le chœur.

Basine n’avait pas voulu retirer son costume de mauvais garçon et elle portait un bandeau d’or, seul signe de distinction du cadet vis-à-vis de l’aîné, Harog lui ayant dit en lui rendant son gage d’alliance :

— Il ne faut pas que tu paraisses plus pauvre que Chrodielde et puisque tu veux conserver cette tunique d’homme, l’on se souviendra, en regardant ton front bandé, que tu es doublement reine par la vaillance et par le sang !

Elle, très pâle, secouait ses boucles fauves.

— Je ne veux pas quitter ce costume parce qu’il attire moins l’attention des mâles. Cette nuit, tous nos gens seront ivres, Harog…

Le berger murmura :

— Je ne boirai que de l’eau, Basine. Ne suis-je pas là pour te défendre ?

Une ombre solennelle les enveloppait. Sous le toit de l’église, un rayon de lune, froid comme une couleuvre argentée, se glissait en ondulant jusqu’au signe de la rédemption dominant l’autel. Les tombeaux des saints les séparaient de la foule. Sur un degré de marbre, Harog s’agenouilla.