— Ou la lâcheté, jeta Chrodielde, dont tout l’orgueil blessé flambait dans les prunelles.
— Ragna, fit Basine ironique, tu ne défends pas ton ami ? À t’a place, je cracherais au visage de la perfide qui insulte mon frère.
— Ou ton favori ! s’exclama Chrodielde, crispant les poings.
Harog eut un geste de rage. Basine bondit et Ragna, complètement démonté par toutes ces attaques, risqua :
— Enfin pourquoi vous disputez-vous, les femmes nuit et jour, sans trêve, alors que nous, les hommes, nous vous passons toutes vos fantaisies ! Aog ! On se bat, on se querelle et c’est nous les vainqueurs, qui avons tort… Chrodielde ? Harog est-il un homme ?
Une bonne fois, Ragna, tourmenté de secrètes jalousies qu’il n’osait pas s’avouer à lui-même, voulut faire parade de son autorité sur sa farouche amante.
— Harog est-il un homme, lui qui t’a gagné une basilique, et des guerriers, à toi la princesse sans couronne et l’abbesse sans monastère ? lui répéta-t-il, se campant bien en face d’elle, les yeux dans ses yeux.
Chrodielde, la lèvre écumante, riposta : — Ce n’est pas un homme, le seul à qui je déplais… ce