Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/328

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Basine arrivait. Elle ne vit pas le supplicié, car Harog se mit devant elle.

— Retirez-vous, les femmes, gronda-t-il d’un ton âpre. Je vous ordonne de vous retirer. C’est assez que nos chiens aient le goût du sang… ici !

Basine souriait, d’un sourire calme.

— Je sais, fit-elle, car j’ai entendu Chrodielde. Il faut garder cet esclave comme otage et preuve de déchéance. L’aventure finira certainement par la plus grande humiliation de l’abbesse. C’est une bonne prise que le Saxon nous rapporte.

Dès que les femmes se furent retirées, Harog délia lui-même les pauvres membres rompus de Soriel.

— Couvre-toi de mon manteau, lui dit-il, et je vais panser tes plaies avec les herbes purificatrices. Tu seras nourri chez nous jusqu’à ton complet rétablissement. Les princesses ne sont pas si méchantes qu’elles le paraissent. On leur a fait beaucoup de tort. Que la tristesse de ta vie ne te rende pas injuste à ton tour.

Soriel pleurait en lui baisant les mains.

— Je jure, gémit-il, que jamais l’abbesse n’eut connaissance de mon secret[1]. Si elle avait su, elle m’aurait chassé honteusement, hélas !

  1. Ce qui fut prouvé lors du jugement porté contre ces femmes.