Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/338

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rir ! Dieu savait que le rouge élixir ne manquait pas !

Harog, saisi d’un vertige contraire qui lui donnait l’horreur du sang répandu, recherchait les endroits sombres de la forêt, cette forêt jadis aimée comme une aïeule, sous le prétexte de chasses nombreuses devant rapporter des venaisons qu’il ne rapportait guère, fuyant les occasions de faire souffrir même une bête alors que tant d’esclaves et de gens d’armes se fracassaient mutuellement. Car il ne se passait point de jour sans homicide, une heure sans dispute, un seul moment sans larme, dans la maison du Seigneur où le tombeau de Radegunde n’opérait plus de miracle ! Harog, confiant la garde de Basine à sa chienne Méréra, animal plus fidèle qu’un esclave et plus intelligent, plus rapide qui viendrait sûrement le prévenir d’un danger, se sauvait au bois, ne cherchant même plus à s’interposer entre les deux louves dévorantes, car elles se montraient tout aussi enragées que les loups, détruisant pour le seul plaisir de détruire, excitant les hommes à la révolte, se querellant devant eux, les menaçant des verges s’ils se refusaient à envahir le domaine de Leubovère. Ils avaient, les deux chefs, les poignets liés par ces deux femmes. Basine torturant leurs cœurs, Chrodielde tenaillant