Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/34

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— Voilà ce que j’attendais, mes enfants ! Une bonne prison, le couvent de Radegunde ! Où l’on chante psaumes du matin au soir et du soir au matin, qui étouffe entre ses pierres froides l’ardeur des filles saisies de folie ! Harog ? Tu t’appelles Harog, un nom qui sonne dur et qui me plaît ! Je te confie une fille, à toi qui prends soin des chiennes sur le point de mettre bas. Hélas ! Les dieux me sont témoins que Dieu (son saint royaume nous arrive !) me l’a donnée pour la punition de mes fautes. Elle est plus chaude, mes pauvres garçons, que la femelle des forêts au temps où poussent les bourgeons du genièvre. Il faudra vous défier d’elle et de ses traces pernicieuses. Je la veux donc mettre en réclusion perpétuelle, selon le conseil de nos prêtres. Tu es chrétien, Harog ?

— Par la sainte Croix ! répliqua le berger, la voix subitement altérée.

— Cela est d’un bon chrétien, je pense, de mener une fille prendre le voile au couvent de Radegunde ! Tu conduiras ma fille, Basine, en chariot attelé de deux bœufs blancs. (À ce signe on connaîtra que j’honore mon sang, car les bœufs blancs sont ici attelés pour la reine.) Vous la saisirez nue, comme on l’a trouvée dans son péché, et vous la vêtirez d’un suaire en attendant le cilice. Elle ne