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Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/364

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viens te mettre à genoux près de moi, implore l’abbesse pour mon ami damné par notre commune erreur.

Basine, courant au jeune homme, lui saisit les tempes, plongeant ses yeux fulgurants dans la nuit des siens.

— Est-il vrai que tu n’as pas tué Ragna pour l’amour de Chrodielde ?

L’abbesse souffla, baissant les paupières :

— Il est vrai.

Alors Basine éclata en sanglots et se tordant les mains :

— Ma mère, mon abbesse, qu’il soit fait de nous ce que bon te semblera ! Je resterai partout où ne sera plus Chrodielde. Si Harog a péché en se révoltant contre le monastère, je suis plus coupable que lui, moi, ta fille rebelle…

… Et dans la paix du jardin embaumé, la vieille mère, bénissant les deux enfants agenouillés, eut l’air grave et attendri de celle qui fiance deux êtres pour l’éternité.

— Voici mon couteau teint de sang, dit Harog se relevant et jetant la lame frottée de l’herbe des douleurs au fond de la citerne. Désormais je jure de vivre sans arme, faisant face à mes ennemis pour la seule glorification de votre Dieu. Ainsi que ce