Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/365

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couteau, que je croyais invincible, et qui va se rouiller dans la vase, mon âme dépouillera la colère de l’orgueil. Je fais, de plus, ô ma mère, serment entre tes mains de ne jamais livrer mon corps aux plaisirs charnels. Imitant Basine, je fais vœu de chasteté et j’atteste qu’elle a noblement résisté à toutes mes injurieuses sollicitations. Ma mère, je te la rends intacte.

La vieille abbesse pleurait de joie.

Tous les trois, enivrés d’un sentiment d’amour nouveau qui les exaltait jusqu’à la démence, ils rentrèrent sous le vestibule de la maison, la blanche fidélité de la chienne attachée à leurs pas, tandis que les colombes revenaient à tire d’ailes au toit béni de Radegunde.

Le soir de ce jour, Harog sortit seul en refermant sur lui la porte de bronze ; seul et sans arme, il se dirigeait du côté de Saint-Hilaire, allant au plus dur de sa mission.

— Un bon pasteur doit ramener ses brebis ! avait dit l’abbesse à Basine, qui se désolait en songeant à Chrodielde.

Et il était parti, repoussant même la compagnie de sa chienne.

Dans la basilique, une grande effervescence régnait, l’indignation générale des vainqueurs qui