Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/375

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par leur fureur contre l’abbesse et en attendant que Maccon, le comte de Poitiers, procurât des soldats par ordre de Childebert aux gens de Basine, il pourrait se passer des choses terribles. Chrodielde ne pardonnerait jamais à Basine de lui avoir volé son favori et Basine devinait bien sa rage.

On verrouilla donc toutes les portes de la rue, bouchant les moindres ouvertures du côté de la basilique.

À la tombée du jour, Harog rentra seul, ayant laissé là-haut le saint évêque consolant les vieilles nonnes gardiennes de leur couvent saccagé.

C’était un soir de tendresse. Après la paix du cœur viendrait peut-être le repos du corps ! Ces horribles tueries cesseraient faute de combattants. Marovée, qui s’exaltait dans sa mission de pasteur épargnant ses brebis les plus galeuses, retardait la collision de l’armée de Maccon avec celle de ces bandits sans autre expérience de la guerre que les surprises tentées à la faveur de la nuit. Il espérait en finir noblement par la grâce, le pardon de tout pour tous.

— Il ne connaît pas l’âme de Chrodielde, pensait Harog.

Le crépuscule enveloppait le jardin de Radegunde. Les églantiers en fleurs répandaient leur