Page:Rachilde - Le Parc du mystère, 1923.djvu/127

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j’entendais la rumeur de tout un peuple ; de loin, on eût dit que ma chambre communiquait avec une place publique, un jour d’émeute. Et il n’y avait rien, dans ma chambre, ni bête cachée, ni gens en révolution, rien que moi, tout tremblant dans un froid rayon de lune… Ma foi, Francis, je ne pris pas le soin d’aller vous prévenir, puisque je n’aurais su que vous troubler davantage, je ne pris pas, surtout, le temps de réfléchir, je me jetai dans le jardin comme un fou et je filai droit devant moi, sans chapeau, sans songer même à refermer aucune porte. Pour rentrer chez mon père, j’ai dû mettre fort peu de minutes, car je courais aussi vite qu’un vent d’orage !… »

Lorsque mon camarade eut fini de parler, je demeurai un moment silencieux. J’avais vaguement entendu raconter, par nos professeurs, des histoires d’hallucinations collectives, mais je ne pouvais pas lui expliquer tant de choses à