Page:Rachilde - Le Parc du mystère, 1923.djvu/50

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ans, de sa douce torpeur romantique par ma voix de blasphème ! Puis-je vous avoir à ce point trompée, ou l’empreinte de la vie française aurait-elle été si forte sur mon caractère que toutes les traces du Passé se soient effacées sur mon visage ! Suis-je un autre, où l’armure sociale dont je me suis revêtu pour conquérir ma place parmi les hommes, est-elle si rigoureusement hermétique que vos yeux térébrants eux-mêmes en soient aveuglés et incapables de percer la nuit qui entoure mon âme close ?

Je ne sais… je ne sais… mais je sens l’armure fondre sous le soleil impitoyable de cette ville lumineuse qui me darde ses flèches de feu — et me crie votre erreur !

Car il m’a vu, ce soleil portugais, le jour déjà lointain où j’ai débarqué à Coïmbra, seul, pauvre, désarmé, raidi dans mon orgueil exalté par la colère des uns et l’envie des autres, mon jeune front entouré d’une auréole précoce qui