Page:Rachilde - Le Parc du mystère, 1923.djvu/51

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me serrait les tempes comme une couronne d’épines.

J’avais alors seize ans. Quelque temps auparavant, poussé vers l’inconnu par un besoin impérieux de liberté qui me donnait le courage de tout tenter, de tout entreprendre et de tout réussir pour être libre, j’avais quitté la demeure familiale où l’autorité de mon père me rendait la respiration difficile. Ayant supprimé, en quelques heures, tous les liens qui brisaient mon élan et limitaient l’aisance de mes mouvements, je me suis trouvé, tout d’un coup, seul dans la vie qui ne m’a jamais parue aussi belle, ni aussi effrayante. Ébloui par l’immensité de ma fortune, — cette liberté que j’avais si ardemment souhaitée et si durement conquise — je suis monté là-haut, tout en haut de la ville pour élargir l’horizon de mes yeux et donner de l’air, de l’espace à la force intérieure que je tenais depuis trop longtemps prisonnière. Et sur la terrasse de la vieille tour universi-