Page:Rachilde - Les Hors nature, 1897.djvu/117

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pression d’une image, quelque créature-objet tenant à la fois de la momie et du bas-relief.

Reutler, dépassant les pompiers de tout son front, voyait très bien. Il détourna la tête.

Paul lui échappa, glissa à quatre pattes. En examinant la singulière image, il eut l’air de rire, puis perdit connaissance.

— Tant mieux ! tonna le directeur s’essuyant les joues du revers de sa main. Je préfère ce dénouement-là, car, parole, il y a de quoi devenir fou pour un garçon qui aimerait ! Heureusement, Monsieur Paul n’est qu’un enfant ! Un enfant comme elle, la pauvre mignonne ! Ah ! nom de Dieu ! Dans mon théâtre, chez moi !…

Reutler emporta son frère pendant que, respectueusement, un pompier prenait cette petite poupée disloquée qui avait la coquette pudeur de ne pas perdre de son. Il n’avait jamais fait de si propre besogne. Elle embaumait les poudres et les fards. Elle sentait la rose, elle sentait le luxe ! Avoir tout et, brusquement, à un coup de sifflet du diable, n’être plus rien, devenir un chiffon. Le brave homme tremblait.

— Monsieur, déclara Reutler très durement au directeur, vous allez ordonner une enquête. Vous ferez fermer les portes de votre théâtre s’il le faut, mais nous saurons pourquoi une femme a été tuée ici ce soir ! Je désire savoir la vérité, vous m’entendez ? Les trappes ne s’ouvrent pas toutes seules ! Cet accident a l’apparence d’un crime, et je vous en fais responsable.

Le directeur des Folies-Nouvelles secoua sa hure avec découragement. Il devinait que celui-là n’était