Page:Rachilde - Les Hors nature, 1897.djvu/172

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mités ou habits, étant digne de sa situation et de lui-même. Ses ordres étrangers, réduits à l’état de petits signes hiéroglyphiques, ne le gênaient pas outre mesure dans les boudoirs. Marguerite Florane disait de cette extrême politesse : « Il a toujours l’air d’en être tatoué ! » et c’était tellement là le mot si naïf et si pictural de son énigme que Stani, peu enclin à l’enthousiasme, l’avait, ce mot, inscrit sur ses notes volantes.

À ce moment décisif où la brute s’éveillait en le diplomate sommeillant, Stani respirait par petits souffles courts, du bout des dents, ses lèvres étroites, très mobiles, palpitaient comme des ailes de bestioles vigoureusement serrées entre un pouce et un index. Il riait dans une sérénité toujours glaciale.

La comtesse eut un profond soupir. Elle ne voulait pas ôter son loup et persistait à ne rien découvrir. Son bras était nu : ce n’était pas tout à fait de sa faute, elle s’occupait peu de ses bras… ils allaient toujours tout seuls au but, bien avant elle !

— Vous me pressez de me rendre, mon cher ami, sans me juger mal, et je vous dois cette ineffable joie d’être respectée au milieu de ma défaite. Tout ce que vous me dites est marqué du sceau glorieux de votre noblesse. Oui, je vous aime ! je ne sais quel dieu anime ma statue et lui fait trouver des fièvres qu’elle a ignorées jusqu’à cette nuit… mais j’ai déjà beaucoup souffert et je crains de souffrir davantage ! j’ai contre moi certaines opinions. Le mariage, qui ne m’a pas procuré toutes les satisfactions de l’intelligence, m’a mise