Page:Rachilde - Les Hors nature, 1897.djvu/180

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Tu ne veux pas reconnaître Pauline ? Madame tient absolument à ce que nous nous entendions ! Un bon mouvement, flanque-moi dehors ! Un peu de diplomatie, c’est ton métier ! Il est évident que je suis de trop. Faut me supprimer comme Jane. Je suis pour les promptes déterminations, mon chéri.

— Et moi donc ! songeait le diplomate subjugué par le coup de force.

Pas plus violent que d’habitude, Stani contemplait cette rousse à la bouche sensuelle et large, aux regards effrontés, durs, cyniques, à la jeunesse très spécialement ardente, plus ardente que les passions de Geneviève. Brrr !… Comme le champagne de l’Opéra : un peu canaille, mais quel piment ! Non ! il ne la reconnaissait pas du tout ! Ce n’était ni la Sulbra, ni Florane, encore moins la très jolie Claudine, Louise était plus petite et Marion avait plus d’épaules. Ni Rose, ni Anaïs, et pour exhiber de pareilles pierreries, une fortune de prince, que certes il n’avait pas donnée, il aurait fallu que Sylvie eût quitté l’Autriche. La mettre dehors en tâchant de l’envoyer l’attendre à l’Américain ? Diable ! L’Amérique ! Il avait eu, deux semaines, autrefois, une gymnaste célèbre, américaine, Léona. Un corps de garçon, pas de hanches, des muscles de fer. Un frisson le secoua. Si c’était celle-là, il était perdu. La diplomatie, la grandeur des nations, le petit joujou aux étoiles et aux crachats de brillants, tout sombrait dans une abominable crise du naturel, grimpant à l’assaut de l’intelligence. Oh ! les aventures ! les aventures qui cassent les reins !