Page:Rachilde - Les Hors nature, 1897.djvu/181

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Il écarta doucement les mains de la folle.

— Je voudrais avoir l’honneur, Madame, de vous reconduire jusqu’à votre voiture, dit-il, très froid.

Au fou rire inextinguible de Paul, Geneviève comprit que le scandale serait énorme, elle risqua sa dernière carte.

— Monsieur, déclara-t-elle sèchement, levant haut la tête en s’adressant à Stani, je n’ai peur, moi, ni des hommes, ni des femmes. Madame a des choses intéressantes à me révéler. Veuillez sortir, je vous prie, nous nous retrouverons toujours.

Elle le poussa vers la porte.

Baissant le front, sentant, vaguement, que cette fois il perdait deux belles parties, le diplomate salua.

— Va ! va ! cria Paul se tordant, nous nous retrouverons toujours !…

Stani gagna le buffet, perplexe. Cela se gâtait.

— Maintenant, oui, causons, fit Paul s’installant dans le fauteuil de l’absent, nous avons, en effet, des choses intéressantes à nous dire.

Debout, contre une cloison, les bras tombés, en statue, Madame de Crossac ne le regardait même pas et elle ne proféra aucune syllabe.

— Très crâne, ton attitude, ma chère, de la finesse et de l’orgueil… Tous mes compliments, reprit Paul railleur. Drame sur drame ! Et, entre temps, une pauvre fille disparaît dans une trappe pour mieux affirmer que la diplomatie n’est, au fond, que l’art de supprimer les gens qui nous gênent. Je n’ai pas les preuves ? Non, ce que je