Page:Rachilde - Les Hors nature, 1897.djvu/183

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clarté ! Pardieu ! oui, vieille dame, coureuse et virile comme les hommes très comme il faut dont tu as singé les caprices de bon ton ! Je te hais, tu es l’outil de mort, le remède d’amour, le plaisir médiocre ! Oh ! si la première fois, nous autres, les collégiens vicieux, nous avions une jeune maîtresse ressemblant à notre jeune ami ! Bah ! Ce n’est pas possible. Serions-nous riches comme des fils d’empereur, nous sommes toujours violés avant d’avoir le temps de choisir. Le soir est là, pour vous, et il faut que nous y allions, de toute la fougue de nos aurores ! Et quelles comédies, par-dessus le marché ! Quand vous êtes du monde il vous faut le respect ! Nous pourrions, si vous y teniez sérieusement, respecter tout au plus… vos cheveux blancs ! Et quels exercices, quels calculs ! Ah ! ton fameux bras, m’a-t-il assez plié, assoupli, courbé vers la terre ! Il m’a plié gentiment en quatre comme un petit mouchoir de soie !… « Bébé, asseyez-vous sur le tabouret. Jouez avec mes gants, ne mettez pas vos doigts dans votre nez. Dites votre fable : Les Deux Pigeons, et allez vous coucher dans le dodo de maman ! » Tout se mélange, l’utile à l’agréable ! Et quand bébé, très éreinté, s’endort, petite mère se dit : « Pas perdu ma journée : trois visites, une audience et un adultère ! Demain, j’écrirai au ministre afin d’obtenir son entrée à Saint-Cyr !… » Tonnerre de Dieu !… Te vois-tu moins grande dame, forcée de courir, en douillette couleur puce, les entremetteuses ou les pensionnats ? Et, un jour, livrée à la huée féroce d’une bande de petits voyous que tu aurais désespérément aguichés en pleine rue ? J’ai vraiment pitié