Page:Rachilde - Les Hors nature, 1897.djvu/190

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avoir envie de la soutenir. Quels cheveux ! de l’or en boucles ! Et quelles dents !

Stani se tenait raide comme un homme dont la pensée devient très floue. Son œil lumineux était d’une fixité effrayante. La gaffe s’accentuait de plus en plus. Il aurait, maintenant, descendu le grand escalier sur le crâne pour la suivre. Que ce fût Léona ou le diable, peu l’intéressait. La grande Gauloise, un flirt, un méchant petit flirt, et puis évanouie, disparue, mais la grande Américaine, une aventure sérieuse, oh ! une aventure à se faire casser les reins. Tant pis.

— Elle est grise comme tous les anges ! bégaya le Slave transporté.

— Monsieur, gronda Reutler le repoussant, je suis ici chez moi. Est-ce que vous devenez fou ?

— Moi aussi, je suis chez moi, répondit tranquillement le prince ; la belle personne s’appelle Pauline, elle me l’a déclaré en me tutoyant ! Ne vous entêtez pas, cher Monsieur, ces rencontres-là sont si fréquentes !

— Vous mentez ! rugit Reutler, et il crut que tout s’incendiait autour de lui.

— Jamais dans la vie privée ! sourit le Slave cherchant ses cartes.

Où étaient-elles donc, ses cartes ? Étonnant comme dès qu’on a besoin de ses cartes, elles glissent au fond des poches. Ah ! une, sous le portefeuille.

— Voici, cher Monsieur ; à présent, vous permettez que j’aille…

Il fit deux pas vers la robe d’or. Paul, vautré sur