Page:Rachilde - Les Hors nature, 1897.djvu/229

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statue représentant saint Joseph, et la face papelarde du bonhomme de plâtre dardait au ciel des yeux ronds. Ce fut une grande joie. Les gamins du catéchisme crièrent : « Vive Monsieur le curé ! » et les hommes, noblement stimulés, se ruèrent sur l’éblouissante chimère dont l’étole d’or grandissait de minutes en minutes.

Durant cet assaut d’enthousiasme, très en arrière de l’église, du plomb fondu, coulant de la sacristie, inondait le toit d’une maison, située en contre-bas de la place

Reutler et Paul se regardèrent.

— Je crois… commença le cadet.

— Absolument ! répondit l’aîné. Et ils se sourirent, s’étant compris.

— Monsieur Joviot, dit Reutler frappant sur l’épaule du maire, nous sommes venus vous offrir nos services, mon frère et moi. Nous suivrions volontiers votre avis : faire la part du feu. Il est plus que temps, vous savez !

Le malheureux leva les bras. C’était bien une autre affaire, maintenant, voici que les étrangers s’en mêlaient. Ces barons du vingt-cinq cent mille diables, que personne ne connaissait ni ne voulait connaître et qui ne faisaient jamais travailler un ouvrier du pays !

— Messieurs, serviteur ! gémit le pauvre homme. On se doit assistance, n’est-ce pas, dans des cas pareils… on est tous des frères ! Que le tonnerre de Dieu extermine le curé ! C’est-à-dire… n’est-ce pas Messieurs, vous êtes de mon avis, Monsieur le curé est bien imprudent. Tout de même, sans reproche, on ne vous voit jamais,