Page:Rachilde - Les Hors nature, 1897.djvu/253

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griffe, elle mord. Une demoiselle pas commode. J’en avertis Monsieur.

Et il s’éclipsa.

Reutler pensa que, décidément, le respect diminuait à Rocheuse.

Il entra dans le salon.

— Cette petite, scandait Paul rageur, tout en éclaboussant Jorgon de l’eau parfumée de son bain, cette petite malpropre qu’il a rapportée comme un ostensoir ! Entends-tu ? depuis la mi-côte ! Non, c’est trop bête ! Moi, je crève de fatigue, de faim, de soif. J’ai failli brûler, j’ai démoli une toiture, j’ai la poitrine en sang, j’ai marché pieds nus, et il ne s’occupe pas plus de son frère que de mes pantoufles qui sont restées dans le feu ! Il faut qu’il sauve des gens, lui. C’est une habitude !… Et le voilà qui s’enferme avec elle… Ah ! ce que tu m’agaces ! Tu as les doigts d’un gourd ! Dépêche-toi ! Oui, ça me remettra de souper. Là, maintenant, mon veston gris clair… et puis cherche-moi une chemise havane, et puis des souliers… ceux chamois, aux coutures de soie crème… Jorgon, si tu as envie de dormir à une heure du matin, il faudrait le dire. Est-ce que tu es fou, toi aussi ? Jorgon ! Ce n’est pas celle-ci, une ha-va-ne. Je suis furieux, Jorgon !

— Voyons, Monsieur Paul, philosophait le bonhomme, il ne va pas vous la prendre bien sûr ! Il ne vous a jamais disputé une femme… et si vous saviez, au juste, le joli bijou que c’est ! Drôle de caprice que vous avez là, Monsieur Paul, une personne du pays des loups…