Page:Rachilde - Les Hors nature, 1897.djvu/266

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— Tu as un peu de fièvre, mon bien-aimé, Calme-toi ! Il serait tout à fait ridicule de me prendre pour l’ogre ! Avant que tes fautes soient commises, elles sont déjà pardonnées. Éric ? Je te supplie de me regarder en face. Éric, je te veux brave. Pourquoi ce frisson ?

Il y eut un silence.

— Encore… ou déjà ? pensa tout haut le jeune poète.

— Toujours ! fit Reutler d’un ton passionné.

— Alors, j’écoute, dit joyeusement Éric dont les yeux se rouvrirent éblouissants. Tu sais, cela, c’est ma bravoure, il faut me répéter cela pour que j’aie toute la patience désirable. Voyons ! Quel conseil ? Tu m’as promis un cheval anglais, eh bien, je l’accepte ! Ensuite, nous retournons à Paris le premier octobre. C’est entendu. J’ajoute que, puisqu’il est trop tard je mangerais volontiers des fruits à la place de mon chocolat. Sonne, dis ! Je meurs de soif. Tu demanderas des fraises et de la tisane glacée, mon grand. Une collation de jeune fille.,

— Oui ou non, est-ce que je peux encore te traiter comme un homme ? gronda Reutler atrocement énervé.

Il alla sonner et vint se rasseoir près du lit.

— Excuse-moi, mon grand, j’ai le réveil trouble mais ça ne dure pas. Me voici prêt à ouïr les plus féroces reproches. Tiens, la petite bonne femme ? Qu’est-elle devenue ? Réponds vite !…

— Justement, je voulais te parler d’elle.

— Ce qu’elle t’occupe, la margoton ! Si tu lui faisais épouser mon groom ? Je la dote… à la spé-