Page:Rachilde - Les Hors nature, 1897.djvu/272

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an qu’on ne voyait plus ni jupe ni équipage. Une mélancolie sombre voilait le front des maîtres et Monsieur Paul-Éric lui-même semblait ne pas se souvenir des jolies filles de Paris.

— Mademoiselle, dit le groom, affectant le ton détaché du cadet des de Fertzen, qu’il imitait à ravir en employant une voix de tête un peu nasillarde, vous offrirai-je du vermouth ou du cassis ?

Confuse, elle restait debout, les yeux mi-clos.

— Je n’aime pas les liqueurs ! dit-elle enfin bien bas.

La cuisinière eut un gros rire.

— On vous formera ici, ma gosse ! et, pateline, elle vint lui tirer l’oreille

— …Alors de l’eau ? dit le second valet de chambre, en écho de la voix du groom et parce qu’il avait entendu dire cela au souper.

Marie frissonna douloureusement. Est-ce que tout le monde avait la voix de ce jeune homme méchant ?

— Non, je ne veux rien, répliqua-t-elle impatientée.

— Je crois, déclara le cocher, qu’il convient d’initier Mademoiselle à nos usages, si nous ne voulons pas qu’elle fasse trop de gaffes. Sachez donc, petite sucrée, que quand on entre ici on fait peau neuve. Françoise, préparez-lui un bain… Elle n’aime pas les liqueurs, mais elle n’a pas l’air d’aimer l’eau non plus. Je suis moralement sûr que devant une baignoire elle aura beaucoup plus envie de boire que d’entrer dedans. D’une manière ou d’une autre, faut qu’on la désaltère.

Une explosion de gaîté eut lieu, aussitôt répri-