Page:Rachilde - Les Hors nature, 1897.djvu/282

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flambent, vous ! Effrontée ! Monter ici tout droit, sans permission ! Allons, venez-vous ? (Il ajouta de son ton chanteur :) Reutler, donne-lui donc l’ordre de me suivre, elle ne m’obéira pas, elle est si mal élevée.

Reutler détourna la tête.

— Allez Marie, dit-il les dents serrées, mon frère n’est pas méchant, je vous assure.

Passivement, Marie suivit le jeune homme.

Ils descendirent, traversèrent des appartements sombres où la jeune fille ne vit que des tourbillons d’étoffes de nuances indistinctes. Ils entrèrent dans une chambre plus claire, bleue et rose comme un ciel d’aurore, puis dans un large cabinet de toilette, tout en glace.

— Tiens, fit Paul ouvrant un tiroir de son lavabo, choisis.

Il y en avait une vingtaine, tous plus souples et plus fins les uns que les autres, en nacre, en ivoire, en écaille, en métal, car le jeune homme se faisait peigner durant de longues heures, aimant la petite morsure tendre des objets précieux dans l’épaisseur de ses boucles, et on ne se resservait du même que s’il avait plu comme caresse ou comme morsure.

La jeune fille s’extasiant dit :

— Jésus ! et elle joignit les mains.

Son naturel sauvage revenant, elle demanda :

— Qu’est-ce que vous pouvez faire de tout ça pour vous tout seul, Monsieur ?

— Je joue avec ! répondit Paul flegmatiquement.

Il alluma une cigarette et murmura, d’un ton de parfaite innocence :