Page:Rachilde - Les Hors nature, 1897.djvu/283

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La fumée ne vous gêne pas, vous ?…

L’allusion était si cruelle, qu’elle recula comme frappée en plein visage.

— Oh ! Monsieur, vous êtes bien méchant… Votre frère ne vous connaît guère. Ça ne vous portera pas bonheur. Vous avez le droit de me dénoncer, pas de me faire souffrir en vous moquant de moi ! Je vous ai rien fait. Gardez vos peignes, je m’en passerai, vous savez !

— Et tu auras des poux ! scanda Paul railleur. Furieuse, elle faillit lui sauter à la gorge.

— Non ! non ! j’en ai pas… c’est eux qui l’inventent… c’est votre sale domestique, Célestin, parce que je veux pas l’embrasser !… je suis plus propre que lui… je dis pas toutes les horreurs… j’ai pas de poux.

— Alors, peigne-toi… ça va m’amuser ! Tu as l’air d’avoir de beaux cheveux !

— Non, je veux m’en aller !

Il ferma la porte du cabinet de toilette et s’étendit sur un sofa, toujours fumant.

— Ma petite Mica, soupira-t-il de son ton qui se lamentait, je prévois que tu vas me donner des nerfs. Je suis très bon prince, à la condition qu’on me passe mes fantaisies. Tu vas te peigner chez moi, ou je force Reutler à te chasser. On t’a reléguée aux cuisines et tu y es à ta place. Je te parle franchement, bien que de l’avis de mon frère tu possèdes tes quartiers de noblesse et que tu portes brandon de discorde sur champ de gueules ! Tu sais, suis pas tendre tous les jours ! je comprends que tu tiennes à ta chevelure… tu es amoureuse. Ne montre pas les poings… tu es amoureuse