Page:Rachilde - Les Hors nature, 1897.djvu/298

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maire, soufflant et suant, nous venons, comme il est de notre devoir, vous présenter nos compliments d’honneur pour la bonne conduite que vous avez tenue en présence du feu, un ennemi qui n’a pas l’habitude d’être le vôtre, tellement vos courages furent au-dessus de tout éloge… Nous venons aussi offrir à Monsieur Paul-Éric le sentiment de notre gratitude, et lui soumettre un projet qui nous est cher et que nous caressons ensemble, ces Messieurs et moi, leur maire, au nom de la patrie d’abord, et du village de Rocheuse ensuite…

— Oui’, fit le forgeron, coupant le discours, Monsieur Paul-Éric serait notre homme, si c’était votre idée. Ces Messieurs ont bien fini par me croire. On s’est chamaillé… Maintenant, on tombe d’accord, quoi !

Les autres opinèrent du haut de leur bonnet. La clarinette, modestement, se tut, ayant tout dit en sa marche triomphale.

— … Si le tonnerre pouvait tomber, lui, avant qu’Éric n’arrive ! Il va tout gâter par ses plaisanteries. De braves gens, seulement ils sont encombrants malgré leur bonne volonté, songeait Reutler perplexe.

— Je vous remercie, Messieurs, dit-il courtoisement. Je n’empêcherai point mon frère de devenir… votre homme. Ses volontés sont généralement les miennes. Je ne demeure l’aîné que pour la forme et, encore, je n’abuse jamais d’aucune formalité. De quoi donc s’agit-il ?…

Pendant les présentations, Paul-Éric descendait aux cuisines. Il bondissait de marches en marches, s’étant déjà trompé trois fois de couloirs. Il péné-