Page:Rachilde - Les Hors nature, 1897.djvu/317

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n’ignorez pas que votre frère est un névrosé… très spécial… Inutile de m’avouer pourquoi vous lui avez servi cette magistrale correction, moi, je le sais, cher Monsieur, et je vous félicite…

Reutler se redressa, subitement calme, retrouvant toute sa morgue.

— Il s’agit bien de Paul-Éric de Fertzen, mon frère, Monsieur ?

Le médecin éclata de rire.

— Ah ! Mon cher baron, si nous nous la faisons à la noblesse, nous ne le guérirons jamais ! L’honneur du nom, la gloire des ancêtres et toutes les balançoires fin de race, je connais ça ! Seulement, ce que vous espérez cacher à l’ombre de votre donjon, enfouir sous les vieilles murailles d’un château dont l’accès n’est pas facile, je le déclare, c’est un mal dangereux… qui gangrène jusqu’aux innocents. Il y a toujours les domestiques et, eux, personne ne les protège. Moi, ce sont les pauvres diables qui m’intéressent, là-dedans ! Je vous respecte parce que je suis convaincu que j’ai affaire à un honnête homme, mais je ne tiens pas à vous remplacer dans l’exercice de la correction. Je viens vous dire, simplement, que si vous persistez à l’enfermer chez vous… je ne le soigne plus. J’en entends de trop raides ! Sans compter que pour ma propre satisfaction, tant que la spécialité du cas n’est pas classable, ou mis sous les verrous de nos hospices, je n’ai nul besoin qu’on m’adresse ces sortes de petites plaisanteries.

— Vous exagérez, docteur, il n’y a aucun cas spécial chez moi. Mon frère aime les parfums, les fleurs et les miroirs. Les jeunes hommes riches