l’aimez trop, là, ça me sort du cœur malgré moi ! Si encore il n’avait pas l’air d’une femme ! (Elle éclata en sanglots.)
— Maintenant, je me mets à la merci d’une servante, pensa Reutler, d’une héroïne de cour d’assises qui, un jour, traînera mon honneur devant ses juges. Cette folle est encore plus redoutable que le médecin. Marie ?…
— Monsieur ?…
Elle s’essuyait les yeux de son petit tablier en dentelles.
— Marie, fais tout ce que tu voudras, c’est-à-dire ton devoir, pas plus que ton devoir, au nom de ton amour, si tu aimes quelqu’un. Va ! Tu as la croix sur ton épaule et tu es ma conscience ! Où tu iras, je t’aurai précédée. Je te donne mon honneur en garde. Mon honneur, c’est Paul-Éric, et je ne veux pas qu’on me le prenne…
Marie joignit les mains.
— Ah ! Monsieur Reutler, quand vous me parlez ainsi, je m’imagine que vous êtes le bon Dieu ! Je ne comprends pas bien, mais je sens que pour vous, je ferais toutes les choses possibles. Je ne sais ni lire ni écrire, je serais peut-être capable d’apprendre pour vous mieux écouter.
Reutler tressaillit.
— Ni lire ni écrire ? dit-il la voix sourde. Voudrais-tu lui porter une lettre ?
— Volontiers, Monsieur, et personne ne la lira que lui… je vous en réponds.
Reutler courut au grand salon, il écrivit quelques lignes. Marie, religieusement, emporta la lettre.
— … Les choses possibles ? Je lui demande l’im-