Page:Rachilde - Les Hors nature, 1897.djvu/326

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plus lourdement sur les épaules, elle s’agenouillait devant la barque chinoise, le berçait, ou joignait les mains en jurant qu’elle était honnête et que, si elle mettait le feu aux églises, elle ne serait pas capable de brûler pour son propre compte.

Il l’embrassait, pleurait, le front sur ses seins, et exigeait l’histoire, le conte merveilleux de l’église qui flambe. Elle la récitait, comme une leçon, terminant toujours par la même phrase :

— … Alors, j’avais des allumettes, un petit paquet de chez l’épicier de la rue du Fer, je les ai toutes craquées, dans la paille ; une grande flamme blanche a venue… et je me suis sauvée, tout droit, car j’ai eu bien peur !…

Paul pouffait.

Seulement, une nuit, comme il exigeait des consolations un peu moins littéraires, elle lui administra un soufflet vigoureux, et Paul, tout penaud, n’insista pas, car, si elle s’en allait, qui lui parlerait de Reutler ?

Le jour où Marie remit la lettre de l’aîné, le cadet faisait de la mélancolie. Il faillit se trouver mal en épelant les lignes suivantes :

« Pour votre santé, sinon pour votre bonheur, il faut que vous viviez d’une vie plus normale. Choisissez vos instants et descendez dans la serre. L’air de la terrasse vous est plus utile qu’à moi. Réfléchissez avant de répondre. »

Il grimaça un mauvais sourire.

— J’ai perdu l’habitude de l’air comme celle de la réflexion. Son hygiène m’assomme !… Petite, ce qu’il faut pour la réponse ?