Page:Rachilde - Les Hors nature, 1897.djvu/359

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prenez rien à rien… je suis pire que toutes, oui, mais je vous jure que je suis vierge. Monsieur Paul m’a bien expliqué ce que c’était que d’être vierge, je peux pas m’y tromper. J’ai jamais rien voulu savoir d’un amoureux… Seulement, de vous… ah ! tout ce qui vous plaira… même d’être votre chien, de mourir, de me dénoncer aux gendarmes, tout quoi ! Pas de me donner à l’autre, par exemple, et c’est pas d’un Monsieur noble de me demander cela ! Oh ! le lâche, le lâche… puisque vous savez que je vous aime, c’est me demander de mentir !

Reutler frappa une table de son poing et ses yeux s’illuminèrent.

— Je ne peux pas y toucher, murmurait-il serrant les dents. Je sens que si j’y touche ce sera pour la jeter par la fenêtre ! Sacré tonnerre ! Si j’avais su, ce que je t’aurais laissée pourrir dans les fossés de ma route, toi… Et elle a raison… ce qui est le plus odieux ! Elle est logique vis-à-vis du maître, la servante ! Je l’ai débauchée, je l’ai dépravée et je ne songe plus qu’à la faire violer… Je suis le plus lâche des hommes en face de sa bravoure de femelle, et si j’étais d’humeur à me rouler par terre… eh ! ce serait vraiment le jour… Marie ! (cria-t-il rudement) Marie !

À cette voix impérieuse, elle tendit les mains, suppliante.

— Écoutez, fit-il, la saisissant par les poignets et la dressant, vous avez dit que je n’étais pas un honnête homme ; en effet, je ne serais pas loyal si je ne mettais pas en regard de la faute, la réparation… Je ne vous conseille pas de vous donner. Vous ne l’aimez pas. Résistez-lui… de toute