Page:Rachilde - Les Hors nature, 1897.djvu/360

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votre âme… seulement puisqu’il paraît que, chez vous, les femmes, la résistance physique a ses limites, ne vous croyez pas irrévocablement perdue parce que vous… vous seriez laissé prendre !… Si l’on vous… manque de respect sous mon toit… je vous le rendrai, moi, votre honneur ! Si quelqu’un fait de vous sa maîtresse, moi, je vous épouserai. Entendez-vous bien, Marie ! Si mon frère vous viole, vous serez baronne de Fertzen, avec trois millions de fortune !… Penses-tu encore, l’incendiaire, qu’on puisse me traiter de lâche !

La colère le faisait tellement effrayant, que Marie détourna la tête.

— Mon Dieu ! Il est fou ! Il a la fièvre ! Moi, la criminelle, moi la pauvre fille des rues, baronne de Fertzen avec trois millions de fortune ! Il se moque de moi ou il a la fièvre !

— Tu ne sais pas lire… cependant… veux-tu que je te signe le contrat ? Ce sera vraiment la première fois que quelqu’un aura douté de ma parole !

Il la lâcha pour courir à son bureau, chercha du papier.

— Monsieur Reutler ! Oh ! Monsieur, je ne doute de rien, n’écrivez pas, ce n’est pas la peine ! Dites… est-ce par amour que vous m’épouseriez, allons, regardez-moi encore dans les yeux !… Vous me feriez respecter, vous m’entoureriez de belles choses et je ne pourrais pas me plaindre, car vous êtes très bon, vous, quand on fait vos volontés… mais l’amour… Dites… il ne serait pas de la partie. Vous ne me toucheriez seulement pas du bout des lèvres, hein ?

Reutler perdit toute prudence et sans calculer