Page:Rachilde - Les Hors nature, 1897.djvu/390

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te dire… mais… je me suis battu… Tu comprends, nos domestiques se mutinent… Eh bien… ils ont cru que je devenais fou… et ils ont voulu m’enfermer, moi aussi ! Oui, c’est cela, mon bien-aimé, ne t’inquiète pas ! Ils m’ont appliqué des ventouses en attendant la douche finale… Je me suis échappé de leurs griffes pour me réfugier chez toi… je ne suis pas fou, n’aie pas peur !

Paul montra les poings.

— Oh ! les chiens ! les brutes ! les racailles ! ça ne m’étonne plus, ton air triste. Cela couvait depuis longtemps ! Ils ont voulu t’enfermer ? Ils me le paieront cher quand je vais descendre… Toucher à mon grand… et parce qu’il est amoureux de moi ! Les idiots !

Il l’enlaça de ses beaux bras, cerclés d’or vierge, cacha sa tête dans sa poitrine. Reutler songeait qu’il serait très difficile de le tuer, maintenant. Il n’avait plus son revolver et les autres poisons étaient des poisons lents.

— Il va me falloir l’étrangler… réaliser l’impossible !

Mais il souriait toujours, caressant les cheveux du jeune homme qui se lamentait.

— Qu’allons-nous devenir ?

— Je ne sais pas ! murmura Reutler.

— Si encore on nous enfermait dans le même cabanon !… Mon Dieu ! Qu’est-ce qu’on entend ? Ce bruit, sous nos pieds… écoute donc, mon Reutler.

— Chéri, dit l’aîné le pressant contre lui éperdument, il faut être brave !

— Oh ! je la connais ! cria le cadet se révoltant.