Page:Rachilde - Les Hors nature, 1897.djvu/40

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de la jeune fille. Certes, elle n’était pas jolie, jolie ; pourtant, quand son teint s’animait, comme en ce moment de trouble pudique, elle devenait, ma foi, fort appétissante.

— Madame ! Voici Madame, balbutia Jane se révoltant. Lâchez-moi donc ! Monsieur Paul, il faut être prudent, réfléchissez, elle se vengera si vous la quittez, elle a tellement d’influence. Surtout, un conseil, ne lui rendez pas ses lettres, en supposant que vous teniez à entrer dans la littérature.

— La littérature entrera en moi, petite, sans que personne ait à se mêler de la question, dit Paul maussade parce qu’il entendait du bruit du côté de la porte. Non, je suis las d’être le joujou de ta maîtresse et je te conseille d’en avoir moins peur… tu es ridicule !

La porte se rouvrit brusquement et Madame se précipita.

— Vite, Jane, mon costume. J’ai été retenue par la plantation du décor. Monsieur de Fertzen, toutes mes excuses.

Elle s’assit sur un pouff, tendit ses jambes à Jane qui, passivement, redevenue la muette complaisante, se mit en devoir de les chausser de mignonnes bottes molles.

— Madame, fit Paul cérémonieux, vous avez perdu ces papiers dans les coulisses. Le manuscrit d’un rôle, probablement, et je vous le rapporte.

Il lui offrait un paquet de lettres qu’il venait de tirer de sa poche.

— Mes lettres ! Vous êtes sinistre, Paul ! Est-ce que je vous les redemande ? (Elle saisit le paquet,