Page:Rachilde - Madame Adonis, 1929.djvu/117

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trouve l’aîné de huit frères, et si je n’ai pas eu huit fils, c’est que je n’ai pas voulu me marier, tiens…

Louise rangeait son métier. Caroline lui saisit le bras, et elle la conduisit devant le médecin. M. Rampon était un brave homme comme tous les gens de cette rue, du reste, seulement il lui paraissait trop naturel de causer nature en présence d’une jeune mariée délicate. Il palpa le poignet de Louise.

— Un peu de fièvre, on a mal dormi ; nous ne prenons plus notre bromure ?

— Non, balbutia Louise au supplice, je ne suis pas malade ; je vous assure que je ne suis jamais malade.

— On dit cela et on ne sent pas l’ennemi s’emparer de notre pauvre diable de machine. On s’est raccommodé avec ce petit mari… alors ?

— Docteur, gémit Caroline, le beau-père est arrivé, nous sommes sens dessus dessous. Hier une scène à faire courir un régiment… J’en ai encore des palpitations… Louis s’est fâché d’abord… puis, madame l’a cajolé, et ce matin, j’ai dû subir l’affront de M. Tranet pendant tout le déjeuner. On m’impose un failli chez moi… car il a fait une grosse faillite, docteur. Vous savez si je veille à la probité de la maison Bartau… Louis est retourné comme un gant.

— Ah ! ah ! il avait des peines de cœur l’autre fois, et il m’a confié une jalousie noire… Notre petite fille ne songe donc plus aux amourettes d’Amboise ?

Louise se redressa.

— Que voulez-vous dire ? Je n’ai pas d’amourettes, moi, et j’ai toujours été fidèle à mon